Jaqueline Jacob, la meurtrière de Grégory ? Les soupçons des enquêteurs révélés
Nouveau rebondissement dans l'affaire Grégory et celui-ci a un air de déjà vu. Jacqueline Jacob, la grand-tante du petit garçon de 4 ans retrouvé mort dans la rivière de la Vologne, dans les Vosges, en 1984, se retrouve encore dans le viseur de la justice. La chambre d'instruction de la cour d'appel de Dijon a demandé dans un arrêt rendu le mercredi 18 juin à ce qu'un nouvel interrogatoire de la femme âgée de 80 ans soit organisé en vue d'une potentielle mise en examen pour association de malfaiteurs criminelle.
L'instance dijonnaise s'est appuyée sur plusieurs pièces du dossier "qui concernent Jacqueline Jacob" pour motiver sa décision et a listé ces éléments qui sont au nombre de neuf selon les précisions du Parisien. Il ne s'agit pas de faits nouveaux, mais d'un regroupement d'éléments qui font de Jacqueline Jacob une suspecte dans la mort du petit Grégory. Une expertise en graphologie et en stylométrie, c'est-à-dire sur le style d'écriture et la syntaxe, des courriers envoyés par les corbeaux aux parents du petit garçon, Jean-Michel et Christine Villemin, est un élément crucial dans la mise en cause de Jacqueline Jacob.
Selon cette analyse réalisée en 2021, l'octogénaire serait l'un des auteurs des courriers et serait à l'origine d'au moins trois lettres de menaces, mais aussi de la lettre de revendication évoquant le meurtre de Grégory. "J'espère que tu mourras de chagrin le chef. Ce n'est pas ton argent qui pourra te redonner ton fils. Voilà ma vengeance. Pauvre con", disait un courrier reçu par les parents de l'enfant au lendemain du drame. "Le chef" était un surnom donné à Jean-Michel Villemin qui faisait l'objet de jalousie après avoir décroché un poste de contre-maître.
Des expertises, un témoignage et des concordances d'emploi du temps
Les expertises en stylométrie ont également permis de faire le rapprochement entre les courriers attribués à Jacqueline Jacob et un appel téléphonique dans lequel une personne revendique le meurtre de Grégory auprès de Michel Villemin, l'oncle de l'enfant. D'après les experts, le style du discours "est hautement similaire à celui des lettres anonymes" et "la probabilité que ces critères stylométriques soient satisfaits est haute (supérieure à 95 %) si un seul auteur" est derrière ces cinq documents. Un auteur qui serait donc la grand-tante de Grégory.
D'autres "indices graves et concordants" retenus par la chambre d'instruction renforcent les suspicions contre Jacqueline Jacob : une précédente expertise en graphologie datant cette fois de 2017, le témoignage d'un de ses beaux-frères qui assure avoir reconnu la voix de l'octogénaire comme celle d'un corbeau et enfin des concordances entre l'emploi du temps de la grand-tante et les appels émis par les corbeaux.
Ces pièces du dossier ne suffisent pas à justifier une poursuite pénale de Jacqueline Jacob "en l'absence d'autres éléments objectifs" a indiqué le parquet général de Dijon. Mais ils permettent de procéder à un "interrogatoire de première comparution". La convocation de la grand-tante du petit Grégory ne devrait toutefois pas avoir lieu "avant quelques mois". En attendant, les investigations se poursuivent a fait savoir le parquet dans un communiqué.
Jacqueline Jacob déjà mise en examen en 2017
Ce n'est pas la première fois que Jacqueline Jacob est mise en cause dans l'enquête. En 2017, elle avait été mise en examen pour "enlèvement et séquestration suivie de mort", avant que l'acte ne soit annulé pour des raisons de forme en 2018. L'octogénaire était revenue au centre de l'affaire, avec son époux Marcel, en 2021 avec le rendu des conclusions des expertises graphologiques. Le couple s'était alors affirmé ne pas connaître l'identité du tueur de Grégory lors d'un entretien sur BFMTV : "Nous faire accuser, c'est la pire des choses qu'ils ont faite." Jacqueline avait assuré n'avoir "jamais écrit un courrier" menaçant aux parents de Grégory.
Après ces nouvelles suspicions, les avocats de Jacqueline Jacob, Mes Stéphane Giuranna, Frédéric Berna et Alexandre Bouthier ont indiqué dans un communiqué que leur cliente " réaffirme sa totale innocence et souhaite que sa présomption d'innocence ainsi que sa vie privée soient respectées".
Du côté des parents de Grégory, la réaction est toute autre. "Pour Jean-Marie et Christine Villemin, qui veulent depuis tant d'années la vérité sur l'assassinat de leur enfant, c'est une journée si importante, une décision si émouvante", a déclaré leur avocat sur France Inter. Pour lui, cette convocation est le signe que la justice veut "faire toute la lumière sur ce crime atroce" : "On ne laissera jamais l'assassinat d'un gosse de quatre ans non élucidé, toujours on fera tout pour connaître cette vérité, aussi difficile soit elle."